Adama Congo est le président de l’Organisation Patriotique de la Jeunesse du Burkina Faso.
Donnez brièvement aux lecteurs le contexte de la situation au Burkina Faso. Qu’est ce qui a provoqué le renversement de Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier 2022 ?
Le contexte socio-politico-sécuritaire du Burkina Faso est marqué essentiellement par la crise sécuritaire djihadiste et une crise humanitaire sans précédent. Notre pays a perdu au moins 1/3 de son territoire, avec 1,5 million de Personnes déplacées en interne, 4 millions du Burkinabé en insécurité alimentaire, et environ 2 millions de nos compatriotes en détresse humanitaire.
Le 24 janvier le Président Kaboré a été renversé au regard de la dégradation de la situation sécuritaire, du manque de solution à la mal-gouvernance, à la corruption dans l’administration et dans l’armée.
Décrivez les évènements du 30 septembre 2022. Quelle était la situation à Ouagadougou ?
Le 30 septembre 2022, un groupe d’officiers subalternes conduit par le capitaine Ibrahim Traore, a entrepris l’initiative de rectification de la transition en cours du Mouvement Pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) conduit par le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, Chef de l’État depuis le coup d’État du 24 janvier 2022.
Le 1er et le 2 octobre 2022, à la suite des évènements du 30 septembre, le peuple souverain du Burkina Faso a pris son propre destin en main par un soulèvement populaire insurrectionnel qui a évité à notre pays un bain de sang entre frère d’armes ; et abouti à la fin du régime illégitime de transition du 24 janvier 2022 du Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba.
Quelles étaient les plaintes contres Paul-Henri Sandogo Damiba? Quels sont les projets du nouveau gouvernement ? Le peuple était-il d’accord ?
Il est reproché à la transition de Paul Henri Sandaogo Damiba, de ne pas être reposé sur une légitimité et une souveraineté populaire. La gestion de la transition par Damiba s’éloignait progressivement des aspirations profondes de notre peuple. Le pays s’est retrouvé dans une impasse politico-sécuritaire profonde qui menaçait la survie de notre patrie. Le régime de Paul Henri Sandaogo Damiba s’était inscrit dans une dérive autoritaire avec la restriction des libertés individuelles et collectives, des milices armées appelées (escadrons de la mort) s’en prenait à toutes les voix discordantes. Les droits constitutionnels des citoyens n’étaient plus garantis. Les nouvelles autorités n’ont pas encore décliné leurs programmes de gouvernance, mais dans leur déclaration de prise du pouvoir lu à la télévision nationale, les nouvelles autorités ont affirmés leurs volontés de diversifier les partenariats dans la lutte contre le terrorisme.
Une partie du peuple appel à une diversification des partenariats pour en finir avec l’exclusivité voulue par certains partenaires du Burkina Faso. En tout état de cause notre peuple appel les nouvelles autorités à une transition légitime et souveraine qui prenne en compte les aspirations profondes de notre peuple.
Il y’a eu de nombreux rapports sur le rôle français dans le coup d’État. Sont-ils intervenus ?
Pour ce sujet nous nous en tenons à la déclaration lu à la télévision nationale le 1er octobre par les nouvelles autorités, disant que le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba est sous protection des forces spéciales françaises basé dans un camp militaire à la périphérie nord de la capitale Ouagadougou.
Quelle sera la position du nouveau gouvernement sur le Mali ? La CEDEAO ? La Russie ?
Le Mali est un pays voisin du Burkina Faso, c’est un pays frère et ami avec qui nous avons des relations de collaboration étroites.
Les nouvelles autorités se sont engagées à respecter les engagements qui sont en cours avec la CEDEAO.
La Russie est un partenaire historique du Burkina Faso depuis les indépendances, même le matériel militaire utilisé par notre armée à toujours été du matériel Russe. Je ne pense pas qu’il y’a un rapport ou un positionnement particulier avec la Russie en dehors du cadre de partenariat que le Burkina Faso a avec ses partenaires.
Décrivez les évènements de ces derniers jours, notamment l’attentat contre l’ambassade de France.
Quand les nouvelles autorités ont annoncé à la télévision nationale, que le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba était sous protection française, cela à révolté une partie des manifestants qui ont vandalisé la représentation diplomatique française à Ouagadougou et le centre culturel français à Bobo Dioulasso qui est la deuxième ville du Burkina Faso. Ces incidents sont regrettables mais en même temps interpellateur, invitant ainsi les autorités françaises à en tirer toutes les conséquences.
Merci beaucoup à Adama Congo, le président de l’Organisation Patriotique de la Jeunesse du Burkina Faso, pour cette interview.